Conte médiéval : l'Ingénue Gelée


L'ingénue gelée

Le soleil est déjà haut en ce début de matinée. La plaine et les vallons proches, encore parés de gelée blanche, sont lentement inondés d’une fraîche lueur.
Là-bas au loin, on commence à distinguer la silhouette des bois qui délimite les frontières de la contrée.

C’est une petite forteresse sans vantardise, ramassée au milieu du pays.
Du ciel, on peut contempler l’endroit, voir les cours et les chemins de ronde, des gens qui passent, les bras chargés, les portes ouvertes, beaucoup d’agitation et de bruit !

Au-delà des remparts qui protègent le donjon, on peut observer dans la cour ses occupants s’animer gaiement, on organise des grandes festivités.

Dans les cuisines, on peut sentir les épices mijoter, la viande rôtir, les carafes de vin s’emplir.
Une armée de mitrons et cuisiniers en pleine action !

Le cerf est presque apprêté, pour remplacer bientôt sur la broche le sanglier qui termine de cuire… la joie des préparatifs est ensorcelante. Cette réception sera majestueuse !
De la cave au grenier, valets et servantes dévalent les escaliers et se bousculent dans les portes. Beaucoup s’affolent, d’autres s’agitent ou s’affairent.

On doit aussi dresser la grande table des festins, en forme de U, afin d’accueillir les hôtes prestigieux de cette soirée.
Dans chaque pièce, le précieux mobilier est rutilant, les tapisseries, sont fièrement exposées sur tous les murs des salles. Des bouquets de fleurs odorantes diffusent un parfum exaltant.

Jongleurs, dresseurs, musiciens répètent sans relâche, le spectacle doit être parfait !

Déambulant au hasard dans les couloirs, on peut sentir que va se dérouler ici une fête unique, en l’honneur d’une personne adulée !

Vers le Donjon, au delà des murs épais, on peut apercevoir une jeune princesse se préparant pour la fête. Choisissant ses plus précieuses étoffes, arborant une coiffe digne de son rang, la belle nous révèle son teint de porcelaine et un regard d’un bleu envoûtant.

Sa beauté et sa grâce subjuguent tous les prétendants de la région, mais elle sait que ce soir, les hommes les plus brillants seront présents.

Suite à l’envoi de messagers dans tous les lieux connus, c’est de très loin qu’ils viennent. Mais elle rêve en secret qu’un beau chevalier puisse la charmer, jusqu’à la faire vaciller, puis l’envelopper d’un amour franc et empli de sincérité.


L’harmonie qui règne est absolue, l’âtre des cheminées flamboie déjà lorsque le soleil se cache derrière la vallée qui fait face au château.
Le défilé ne va pas tarder et chacun s’apprête à faire son office à l’occasion du festin prévu en l’honneur de la princesse, fille unique du roi.

La nuit tombante, l’élégant cortège débute, les convives passent le pont-levis et parmi eux se détache un homme, un chevalier d’une grande prestance, de noble descendance. La belle ne demeure pas insensible à cette arrivée et lui offre un accueil raffiné.

Elle le guide et lui réserve une place toute proche d’elle à sa table.

L’heure du banquet a sonné, chacun prend sa place et se réjouit de pouvoir festoyer avec avidité !
La ripaille est bien amorcée, l’ambiance est festive, mais un vent froid pique les sens, un charivari s’amorce.
La soirée devient chaotique, une frénésie alcoolique agite les corps repus de victuailles et l’on n’aperçoit plus la princesse ni le chevalier si singulier.
En coulisse, un jeune mitron a renversé plusieurs marmites, l’intendant et le chef de cuisine auraient failli se battre sans l’intervention de cette vieille pâtissière, mais tout tourne au désastre.

La plénitude s’évanouit, on cherche à retrouver le calme et l’humeur festive dans le château, mais chacun est frappé par un souffle glacial qui transperce.

Les gaudrioles des troubadours ne font plus rire, certains convives s’endorment, ou s’échauffent et veulent en venir aux mains.
Mais personne n’y croit déjà plus, mêmes les plus vaillants n’en sont déjà qu’à espérer la nuit profonde, pour que le calme revienne enfin.

En dehors du château près du lac gelé qui s ‘étend aux abords des remparts, il fait nuit noire à présent.
Le gentilhomme et la fille du roi se font face, ils sont au bord du lac, la lune pleine reflète une lumière lugubre sur la glace. On distingue une ouverture puis un escalier au milieu de l’étendue figée.

L’homme invite l’ingénue à poursuivre leur ballade vers les cent marches de glace, puis ils s’engouffrent dans une grotte d’un blanc immaculé.
La princesse est transie froid, pense à revenir vers la fête. Le prétendant insiste un peu pour que reste la belle, puis à genoux, l’épée à leurs pieds, il déclame enfin sa flamme à la bien aimée :
« Noble Demoiselle, laissez- moi vous révéler mon amour au sein de ce palais givré que l’hiver a dessiné en l’honneur de votre beauté ! »

La gracieuse princesse, enveloppée d’une étrange volupté, écoute en frissonnant les aveux de cet être pétrifiant :
« Chère beauté, Chère princesse, il se peut que cette discussion vous paraisse banale pour une dame de votre qualité, mais jamais plus vous n’aurez l’occasion de discuter 100 ans avec un noble prétendant… »

Au château, on cherche désespérément la fille du roi, de nombreux observateurs l’ont vu partir avec un homme d’allure princière, inconnu de la région.
Mais on ne trouve aucun indice, aucune preuve tangible de son passage, son destrier est introuvable, seuls des témoignages prouvent l’existence de sa venue.
Rien ne permet de savoir quel est le véritable nom de cet homme, ce dernier s’étant présenté comme le comte de la Vallée des Bois Figés.


Le roi, meurtri de cette disparition va prier chaque jour au bord du lac que sa fille aimait tant mais finit par mourir de chagrin sans savoir où sa progéniture a bien pu s’envoler.
Le siècle suivant, quatre générations se sont succédées et la princesse, transformée en légende de grâce et de beauté, fut presque oubliée. Seul un portrait au château rappelle sa brève existence dans le cycle de cette royale descendance.

Ce soir d’hiver, le château accueille à nouveau un festin grandiose, la lune est pleine et les invités ripaillent dans la joie et l’excès autour d’un banquet pantagruélique.
Au sein de cette gigantesque assemblée, un jeune diacre lubriquement excité s’entête à vouloir attraper une pulpeuse servante.

Il la poursuit dans les couloirs du château, mais celle-ci s’enfuit jusqu’aux abords du lac près des remparts. Le jeune homme est ravi d’imaginer qu’il pourra la déculotter dans un coin reculé des festivités.

La lumière de la lune les inonde d’une étrange clarté renvoyée par le lac gelé.
Ils finissent par s’abandonner à des ébats frénétiques afin de ne pas êtres saisis par le gel piquant sous leurs corps dénudés.
Une fois repus, ils décident d’observer l’aurore se dessiner derrière la vallée, ils s’installent sur une souche en attendant le spectacle du levant.

Les premières lueurs projettent une lumière irisée sur le givre, la servante d’humeur légère, s’entête à vouloir marcher sur l’épaisse couche de glace afin de ressentir le pouvoir de marcher sur les eaux !

Elle rit très fort, tournoie au milieu de cette patinoire éphémère, cherche à observer sous l’eau quelques vaillants poissons, puis s’immobilise soudain.
Son cri déchire le ciel, l’horreur envahit son regard, la terreur agite tout son être et elle supplie son amant de venir observer ce qui la fait vaciller :

Une ravissante fille, les yeux clos, est emprisonnée dans la glace. Sa robe confectionnée de belles soieries, sa coiffe parfaitement disposée lui confère le statut de nymphe figée pour l’éternité.
Son visage est radieux, apaisé, ses mains sont ouvertes vers le ciel, sa prière semble éternelle. Ses traits sont transfigurés, ils inspirent une grande sérénité.

Le diacre et la servante s’enfuient vers le château, ils doivent prévenir leur roi de cette horrifiante et non moins troublante apparition. A leur retour, nos deux entichés sont accompagnés du Monarque et d’une armada de curieux les escortant.

L’assemblée est interloquée d’observer un tel événement, on attend la décision du roi concernant l’exhumation de la défunte.

Le roi est bouleversé, il perçoit dans son regard une odeur de sainteté et ordonne de briser le sarcophage verglacé.

Une fois libéré, on identifie le corps sans ambiguïté, un portrait exposé au château est le parfait reflet de cette jeune femme. L’énigme de la princesse disparue semble enfin résolue.

Un immense trouble est jeté, on ressent la peur et la stupéfaction dans le cœur des gens. Il faut à tout prix préserver ce que le Seigneur nous a renvoyé, mais il appartient au roi de statuer sur le posthume destin de la princesse.

La décision est sans appel, le roi est guidé par sa foi, et s’en remet au prieur de la paroisse. Le curé, gardien de l’âme des fidèles dont il a la charge, doit veiller au salut de tous, il ordonne donc de transporter le corps de la belle puis de le déposer dans une sépulture de marbre au sein de l’église.

L’église paroissiale se situe dans la basse-cour du château, on peut observer la curieuse procession qui s’organise : sang royal en tête, un cortège accompagne le portage de la beauté vers son ultime demeure.

On dépose délicatement le corps dans son luxueux tombeau à gauche de l’Autel, le prieur décide alors de célébrer une messe afin de prier pour le salut de l’âme de la défunte.
Depuis la nef, on peut voir la foule transie par cet office insolite. Le silence des fidèles est saisissant, personne ne sait si ce macabre et troublant prodige est l’œuvre du Seigneur ou s’il s’agit de maléfice…Mais on ne discute pas la parole d’un homme d’église, les fidèles se doivent de la respecter.

L’après-midi est presque terminée et l’heure où le jour doit décliner bien avancée. Cependant les rayons du soleil persistent à inonder la cour du château. Ses habitants s'ébahissent de ce phénomène jusqu’alors jamais observé. La nuit d’ordinaire perçue comme dangereuse et propice à la réalisation de sortilèges n’est plus la bienvenue. Les heures suivantes, la lumière ne cesse de bercer nos habitants et chacun s’émerveille de cette clarté persistante.

On vénère la princesse dans son sarcophage de marbre, on la remercie d’avoir banni les ténèbres, chaque jour les fidèles viennent prier près des reliques du corps de leur nouvelle Sainte.

Mais Il est impossible de s’habituer à l’absence totale de nuit. L’horloge biologique de chacun se dérègle, les sens sont en déroute, la gestion du sommeil devient une gageure.

Tous les habitants de cette vallée se réveillent au milieu de la nuit en sursaut de peur de rater l’aube, mais il fait plein jour. Les soirées deviennent interminables car justement, elles ne se terminent plus jamais. Rien ne bouge: le temps n’a plus d’heure, la lumière se fige. Les animaux subissent eux aussi ce bouleversement, les abeilles deviennent folles, les chiens hurlent sans cesse, une nervosité incontrôlable envahie le bétail, plus personne n’arrive à vivre en paix, l’harmonie d’antan est brisée.

On prie désormais pour que le jour décline, la princesse figée est contestée dans la plus grande discrétion des fidèles. Les offices rassemblent de moins en moins de paroissiens qui prennent ombrage du miracle devenu secrètement conspué. Le prieur ne reçoit presque plus d’offrande, on se détourne de la sainte pour s’affairer à contenir le chaos présent.
La détresse morale s’installe dans le cœur des hommes, on ne voit pas d’issue à ce phénomène miraculeux qui tourne au sortilège. Les victimes : nobles et serfs de cette vallée illuminée à jamais, doutent alors de la sainteté de cette princesse pétrifiée.

Des complots tentent de s’organiser, on conteste, fustige la décision du prêtre de laisser trôner la belle à gauche de l’autel.
Plusieurs villageois et chevaliers conspirent sur le sort de leur sainte et concluent que seule une action forte pourra rétablir l’équilibre et la paix de la vallée. Rassemblé à la taverne du bourg, s’enivrant à base d’hypocras, chacun arbore une stratégie pour venir à bout de ce phénomène devenu diablerie.
Les esprits s’échauffent, la pression monte d’heure en heure et la totalité de la population se rallie à cet esprit de solidarité vengeresse.

Le prieur est ciblé, on doit le neutraliser pour agir en toute liberté ! Un petit groupe se forme spontanément, et part à la chasse de notre homme de Dieu. La troupe arrive devant la chapelle et avance furieusement dans la nef

Pieusement agenouillé devant l’autel, le prieur est saisi par le bras charpenté du forgeron qui l’enserre violemment. « Curé tu vas nous laisser faire ! Sinon il va t’en cuire ! »
La horde brandit pioches, pelles, tison, et se dirige vers le sarcophage de marbre contenant l’objet du maléfice.

On renverse la lourde pierre qui ferme le sarcophage qui se fracasse sur le sol de l’église, révélant le corps intact de la jeune femme.
Un premier coup de pioche crève le corps de la beauté et une odeur pestilentielle se dégage, une vapeur âcre, âpre, un nuage si nauséabond, qu’il fait cracher, râler, vomir puis fuir les lieux…

On referme les portes de l’église à la hâte, le curé est extirpé in extremis par la poigne efficace d’un chevalier, qui le propulse dehors.

La pression est à son comble, les assaillants poussés hors des lieux sont choqués et le prêtre a perdu connaissance.
On décide de manière collégiale une purification par le feu.
Chacun rassemble de la paille, du bois sec et de l’enduit, encercle l’église de ces artifices, puis le feu est allumé sur quatre points à l’aide de torches.
Les archers oignent leurs pointes de poix, combustible inégalable, et propulsent leurs flèches enflammées dans la cavité de chaque étroite fenêtre du lieu sacré.


La maison de Dieu flambe, les vitraux éclatent, une folie absolue ébranle les âmes présentes, un charivari géant s’organise. On apporte du vin, on danse, hurle en respirant les effluves nauséabonds qui s’échappent de l’incendie.
La foule entre en transe et récite le Notre Père dans une exaltation acharnée :

« Notre père qui êtes aux cieux,
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne,
Que ta volonté soit faite
Sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour
Pardonne-nous nos offenses,
Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous soumets pas à la tentation,
Mais délivre-nous du mal ».

« Délivre nous de tout mal Seigneur, délivre nous de tout mal ! »

La touffeur de l’atmosphère serre les gorges, endolorie les muscles, une nuée assombrissante envahit et enveloppe nos habitants, puis chacun s’endort… Tout s’abandonne doucement…

Les heures s’écoulent et seul le curé se réveille, « alléluia » ; il fait nuit !

Les villageois dorment, l’homme d’église est debout mais bouleversé, il tente de récupérer ses repères. Il faisait jour depuis plus de mille heures et la nuit le saisit, lui « homme de Dieu », il ne sait que penser, il a juste peur…

Son instinct le dirige vers un foyer encore vivace et il allume une torche afin de se diriger dans l’obscurité.
Il se retourne et observe une superbe jeune femme au visage transfiguré, elle lui fait face et lui sourit…
Puis s’adresse à lui :

-ouvre ton cœur et écoute moi je te prie…

-je…je…t’écoute…

-Je t’ai choisi pour te révéler mon histoire, une vérité qui devait être tue à jamais :

Au siècle dernier une grande fête fut organisée par mon père au château, car il se devait de me marier au plus vite, je portais en moi l’enfant qu’il m’avait donné : le fruit d’un inceste inavouable. Il aurait tant souhaité me trouver un époux à la hâte afin de se dédouaner de son infâme péché !

Sous les traits d’un noble courtisan, un ange déchu m’a accompagné dans le désespoir qui me hantait, le soir du bal, ce démon a su donner la parfaite illusion du chevalier servant.

La rage était dans mon ventre, je ne pouvais pas porter l’enfant de la honte, ni pardonner. Seule la vengeance m’animait et la pire des souffrances que je pouvais infliger à mon père était de disparaître à jamais.

Ma promenade galante au bord de l’eau, accompagnée d’un chevalier fantôme il y a un siècle me laissait peu de chance de survie. Depuis tout ce temps, mon âme a erré autour du château, mon corps étant emprisonné au fond du lac…

Toutes ces années ont endurci mon cœur, je ne pouvais pas pardonner, mon âme était condamnée par cette rancœur et cette haine qui bloquait tout l’amour que j’étais capable de produire en moi. Le seigneur m’a laissé là, seule dans ma tourmente, prisonnière du néant, ce Dieu que j’avais provoqué en me donnant la mort…

La porte de la lumière était scellée, la paix et le salut promis n’existaient donc pas pour moi. Mon cœur fut tellement extenué de ce désespoir, que l’illumination du pardon a fini par progresser en moi de plus en plus fort…

Cette lueur m’a permis de vous manifester la vérité effroyable de mon histoire, je vous ai saoulé de lumière jusqu’à vous accabler de gêne. Mais personne ne s’est trompé, tous les habitants m’avaient subtilement désignée comme cible !

A ton sens, comment le fait de crever mon corps a-t-il pu endormir tout un village ? Pourquoi cette nuée âcre vous a-t-elle tous fait vaciller ? Ma honte suprême était visée, anéantie, j’étais enfin libérée… la vérité était devant vous mais seul toi peux la saisir maintenant.

Les ténèbres sont revenues, l’équilibre est rétabli et maintenant j’attends que tu me soutiennes dans ma quête du pardon total afin de me faciliter l’accès au royaume des cieux. Il faut que l’esprit saint que tu as reçu réussisse à absoudre mon père et moi-même, car je lui pardonne.

-Ma fille, le seigneur t’a déjà entendu et il a permis que tu accomplisses un acte fort en bouleversant le cycle de la nature, ton cœur se convertit et tu marches déjà dans
l’amour et la lumière.

Ton corps est retourné à la poussière, mais ton cœur est vivant dans le Christ, la porte du salut va s’ouvrir et n’oublie pas que « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde ». Rm 11, 22

-Merci de m’avoir écoutée curé, mais je dois t’avouer une dernière chose, si tu communiques avec moi maintenant, c’est que tu as succombé… les fumées de l’incendie ont eu raison de tes pauvres poumons.

Peut-être voudras-tu m’aider à obtenir les grâces du ciel ou bien resteras-tu à errer en vain en ma compagnie… ?

Mais sois le Bienvenu à bord curé ! Tu embarques avec moi dans la nef qui nous mènera, peut-être, vers le salut de Dieu ?

Tu n’as pas vraiment le choix car il me semble que tu portes, toi aussi, un lourd fardeau…


Nouvelle Médiévale imaginée et rédigée par Séverine Diesnis 

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