Ces lieux patibulaires
importants n’étaient pas les seuls, et lors de mes prochaines balades (le nez
dans mes ouvrages poussiéreux) je vous conterai les lieux oubliés.
Je commencerai mon
histoire par le Gibet le plus spectaculaire :
le Gibet de Monfaucon
Gibet de Monfaucon Viollet-le-Duc |
Le Gibet de
Monfaucon : Construit vers
l’année 1273, se dressait sur la butte Monfaucon, à l’extrémité du Faubourg
Saint Martin. Il fut démoli à l’époque de la Révolution, en 1790.
Source : (Petite Histoire de Paris – F.BOURNON 1888)
Source : (Petite Histoire de Paris – F.BOURNON 1888)
Situé en haut du Faubourg
Saint Martin, on peut le situer actuellement dans un quadrilatère formé par le
canal Saint Martin, la rue des écluses Saint Martin, de la Grange aux Belles et
Louis Blanc.
Un conte nommé Faucon
possédait une terre près de là, dont il fit don à l’Abbaye Saint Magloire.
Sous le règne de
Saint-Louis, l’enceinte fut choisie afin de dresser « la Justice du
Roi ». Mais l’échafaud initial construit en bois, fut trop sujet aux
intempéries et se détériora rapidement. C’est le trésorier de Charles IV le bel
qui le remplaça par une construction en pierre.
L’auteur de l’édifice solide
reste introuvable : Pierre De Brosse (ou de la Brosse ?) et tous ceux
qui l’ont préparé comme Enguerrand de Marigny y firent pendus, sauf Pierre
Rémy, qui fit amande honorable. (pour faire court : sa peine fut de
reconnaître publiquement sa faute et à en demander pardon à Dieu, à la société
et aux hommes).
Le mode de transport des
condamnés vers le gibet importait peu, à pied, à cheval, sur une
charrette… Misérable ou seigneur,
la lugubre promenade avait le même goût pour tous.
Les mains liées, le condamné
partait du Châtelet escorté d’un confesseur, d’archers et de sergents du lieu.
Une fois arrivé devant le
couvent des Filles-Dieu (237 rue Saint Denis), il devait baiser la croix du
Christ, recevoir de l’eau bénite puis l’aumônier récitait des prières.
Pour finir, les sœurs lui
offraient trois morceaux de pain et son Dernier verre de Vin. Et s’il mangeait
avec appétit, c’était bon pour son âme !
La route reprenait jusqu’au
pied du gibet devant la Croix de Pierre du Craon pour une dernière prière, puis
le condamné était livré au bourreau armé d’une échelle afin d’y hisser son
supplicié.
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De retour au Châtelet,
l’escorte se hâtait bien de bénéficier du repas offert par la ville et le
prêtre de service empochait son salaire pour frais de déplacement.
Ces « fourches
patibulaires » ou ce gibet se composait d’un escalier donnant accès à la
plateforme d’où partaient 16 piliers de pierre, hauts de 10 mètres et reliés
entre eux par des poutres de bois entrecroisées. À ces poutres se balançaient
des chaînes de fer bien fixées, avec aux bouts de chacune un condamné…
Au milieu des piliers, se
trouvait une fosse destinée à recevoir les corps prédestinés à pourrir et
devenir poussière.
Des corps de personnes
décapitées ou bouillies sur une place de Paris étaient parfois exposés à Monfaucon. Pour les premiers, ils étaient accrochés par les aisselles, les
seconds étaient enfermés dans un sac, puis suspendus.
Au moyen âge, la loi voulait
rendre visible à tous la punition du crime et dissoudre les restes des infâmes.
Pareille mort était dissuasive, cette vision, des jours durant d’un corps en
putréfaction finissait par heurter les esprits.
Il est difficile de nos
jours de s’imaginer cette réalité, la présence de débris humains et l’odeur
écœurante qui s’en dégageait nous seraient fort douloureuses.
C’est ici que des magiciens
venaient chercher des cadavres ou dépouiller les corbeaux des ongles, cheveux
et dents des suppliciés. Ces actes prirent une telle ampleur qu’en 1407 le
Parlement de Paris ordonna au Prévôt de poursuivre activement les individus qui
« dépouillaient cadavres et charognes des gibets ».
Toutefois, une vie de
débauche existait non loin de Monfaucon, à l’écart de la ville, on se sentait
sans doute plus libre de commettre des excès.
Grâce à François Villon, on
peut s’imaginer l’ambiance des environs :
Où estoit toute
l’assemblée,
Filles y avoit foyson,
Faisant chère
desmesurée »
Afin de rester dans cette atmosphère qui nous replace dans l'époque, je vous invite à partager l'Epitaphe de notre poète de l'époque François Villon car il nous fait sentir l'odeur fétide du fameux gibet... Voici en page annexe La ballade des pendus afin de découvrir ce saisissant poème.
Ce sinistre lieu cessa enfin d’être utilisé vers 1627, le voisinage de l’hôpital Saint-Louis du intervenir
pour des raisons d’hygiène publique.
Pour finir, je vous invite à
parcourir ce lien afin d’en savoir plus au sujet d’une petite croisière
parisienne : le canal Saint Martin vous promène sur les traces de
Monfaucon…
Retrouvez ici le post d'une blogueuse médiévale concernant une Croisière étonnante sur le canal Saint Martin
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